Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans sa marche toujours maladroite d’ivrogne ;
En finissant de boire, il berce dans ses bras,
Le serrant tendrement avec des airs béats,
Le cruchon comme pour faire voir comme il l’aime.
Parfois en trébuchant il tourne sur lui-même
Pour que, probablement, le monde puisse voir
Appliqué sur son dos, cousu dans l’habit noir,
Un écriteau carré ; mais il tourne trop vite
Et marche encore un peu trop loin pour qu’on profite
Du moment pour saisir ce que l’on voit écrit
Sur la toile brillante, en un gros manuscrit.
Un pierrot en passant le vise avec sa pelle
Au chapeau qu’il attrape assez bien, puis l’appelle :
« Hé, dis donc, là-bas, vieux pochard, » l’apostrophant
Sous son masque en couleurs, sur un ton bon enfant
Qu’il croit approprié, prenant pour de la vraie
Bonne humeur la figure épanouie et gaie
De la tête au sourire incessant, et le pas
Qui n’est qu’étudié. L’homme ne répond pas
Aux farces du pierrot qui maintenant le raille