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Son cavalier, tapant aussi du talon, dur,
S’entête absolument à se diriger sur
Le trottoir ; un pierrot le prenant par la rêne,
Le caresse d’abord sur le front puis l’entraîne
Fort ; un autre lui bat la croupe avec la main,
Et l’analcade alors se remet en chemin.
Ce sont des hommes mis en toilettes de femmes
Bizarres ; de côté sur leurs selles de dames
Ils sont tout maladroits, semblant se tenir mal
Sur l’unique étrier qui leur est anormal.
Tous ont la même robe en une étoffe verte,
Brillante, laissant voir leurs cous, assez ouverte ;
Leurs gants verts sont très courts, sans couvrir leurs bras nus ;
Des chapeaux longs, étroits, à rubans biscornus,
Semblent les déguiser en des charges d’anglaises
Sous le papier de leurs ombrelles japonaises.
Et comme à des enfants on voit des caoutchoucs
Noirs, plus ou moins serrés, qui, passés sous leurs cous
Mal rasés, tiennent bien enfoncés sur leurs crânes
Aux cheveux coupés courts, leurs grands chapeaux. Les ânes