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Cet amour, cet oubli de tout avec Roberte,
Ce départ furieux, auront été sa perte.
Maintenant cette vie épouvantable, c’est
Peut-être pour toujours qu’il la mène, qui sait
Quand il pourra jamais reprendre sa carrière,
Et si son nouveau sort n’est pas une barrière
Infranchissable, presque, à tout espoir déjà,
Et s’il ne lui faudra pas toujours comme ça
Toute sa vie entière errer de foire en foire.
Pourtant il n’a jamais pu renoncer à croire
Sincèrement encore à sa vocation,
Il aime trop son art, trop à la passion
Pour ne pas, chaque fois qu’il y pense, y conclure.
Souvent tous les tourments de l’ancienne doublure,
Cherchant toujours en vain le succès, à tout prix,
Au plus profond de sa misère l’ont repris.
Il sent bien, même ici, la froideur unanime
Du public pour lui, dans le bout de pantomime
Introduit dans la pièce, et qu’il fait de son mieux.
Renfonçant son dégoût, avec des effets d’yeux