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Qu’il était seul au monde et sans aucun appui,
Nulle part. Il était rentré vite chez lui,
Puis il avait erré dans sa chambre, dans l’ombre
Qui commençait, sans rien allumer, laissant sombre.
Et dès le lendemain même, devant quitter
Sa chambre pour toujours, afin de s’acquitter,
Il s’était occupé de vendre tout le reste
De son mobilier ; puis à la somme modeste
Obtenue, il avait pu rajouter l’argent
De son lit, le dernier jour, en déménageant,
Et tout payer ainsi.

L’existence plus dure
Encore avait alors commencé. La voiture
De saltimbanques pour toute chambre et maison ;
Il n’avait pas encore assez de liaison
Ni de vie avec tous les autres de la troupe
Pour pouvoir bien souvent se mêler à leur groupe,
Presque toujours tout seul et pensif, à l’écart,
Voulant faire le plus possible vie à part.