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LA DOUBLURE




Alibert. C’est un an avant, l’hiver dernier,
Qu’un soir elle l’a vu faire un palefrenier,
Doublant aussi Litert, dans un grand mélodrame,
Où son faux témoignage entortillait la trame.
La pièce en huit tableaux avait fait quelque bruit,
Et par hasard, pendant un temps, avait conduit
Un peu de public mieux parmi la multitude
Très grossière, qui seule encombre d’habitude
Les places bon marché de ce théâtre-ci.
Litert était tombé malade, et c’est ainsi
Que Roberte de Blou, dans la pénombre noire
Qui la cachait pour lui, d’une étroite baignoire
Avait du premier coup ressenti quelque élan
Vers lui, puis combiné, lentement, tout un plan.
Dès sa première entrée, elle s’était de suite
Sentie avec ardeur, attirée et séduite