Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’orgue qu’on entendait sans cesse tout à l’heure
Joue encore son air.

Une gamine pleure
En passant, se laissant emmener par le bras ;
Son grand chapeau de paille au ruban crème, gras,
Pend dans son dos, sur ses cheveux, à l’élastique
Étiré de son cou.

Dans la longue boutique
La marchande, là-bas, remet un beau paquet
Bien fait, à deux soldats, puis lance un tourniquet.

Un gros homme, en passant, cause avec une bonne
À tablier à qui, tranquillement, il donne
Le bras ; à voir, tous deux ne doivent pas venir
De loin, tout naturels ; sans cesser de tenir
Avec son bras celui de la bonne qu’il garde
Serré, l’homme se tourne un instant et regarde
Derrière, à quelques pas ; puis il appelle un chien