Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les masques sur les deux longs côtés de la rue.

En passant on entend la voix lente et bourrue
D’un homme dire avec mauvaise humeur : « Ben quoi !
Est-ce que je vous ai jamais redit ça, moi ?
Il ne faudra bientôt plus vous parler, ma chère ! »
On voit alors au seuil d’une porte cochère,
Une femme en jersey noir dans lequel le gras
Qu’on devine enfonçant et mou de ses gros bras
Se moule ; justement très vite elle les croise ;
Avec des mouvements de la tête elle toise
L’homme qui lui parlait, en disant : « Voyez-vous
Ce malhonnête-là ! C’est drôle, est-ce que nous
Sommes venus pour lui demander quelque chose ?
Il faut toujours qu’il vienne écouter quand on cause ;
Franchement, c’est trop fort ; est-ce qu’on le forçait
À se planter derrière à ne rien dire ? C’est
Vrai. » Puis elle se tait en haussant les épaules ;
En se parlant ainsi durement ils sont drôles,
Avec les masques peints, impassibles qu’ils ont,