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Du cavalier lâchant la bride ; il est monté
Par un gendarme aussi ; toute la cavalcade,
À côté, représente une étrange brigade
De gendarmes ayant de différents faux nez.
Le cheval dont les flancs saignent, éperonnés,
Se cabre encore haut par moments et recule ;
En le voyant venir, du monde se bouscule.
Sur deux coups d’éperon, plus violent il part,
Après s’être lancé de côté d’un écart,
En avant, au galop ; le gendarme lui scie
Alors la bouche avec sa bride raccourcie
Le plus possible, raide et tendue, et qu’il tient
À pleines mains, les poings serrés fort. Il parvient
À l’arrêter ; Roberte, alors, dit : « Il est brave. »
Le cheval, essoufflé, reste immobile et bave,
Et bientôt plus calmé, retourne au petit trot
Vers les autres, faisant écarter un pierrot
Arrêté ; de la main le gendarme à l’épaule
Le caresse en tapant doucement ; son nez drôle
Retroussé comme avec un air spirituel