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Pas mal de temps déjà sans la perdre, une vieille
Armature de pelle en fer-blanc, et pareille
À celle de Roberte ; elle se traîne sans
Le long manche de bois qu’elle a perdu ; les gens
Par chaque coup de pied qu’ils donnent, qui diffère
Comme direction pour chacun, lui font faire
Un chemin constamment différent et trompeur.
Roberte vient, pendant un instant, d’avoir peur,
Prise depuis longtemps de l’envie enfantine
De la pousser avec le bout de sa bottine
À son tour elle aussi, qu’elle ne vienne pas
Près d’elle ; mais un choc la ramène à dix pas
En avant justement, sur la gauche ; Roberte
S’en approche aussitôt ; elle est toute couverte
D’une poussière blanche enlevant son éclat ;
On voit à son métal écrasé, tout à plat
Même au fond à la place où l’on sent qu’est plus dure
Sa forme, ainsi qu’au large écart de la soudure
En angle qui depuis le bas ne rejoint plus,
Qu’on a dû bien des fois déjà marcher dessus.