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Les sourcils relevés, d’une voix assourdie,
Avec précaution la même mélodie ;
Quand il lui dit : « Enfant charmante aux yeux d’azur »
Roberte, en demandant s’il est vraiment bien sûr
De ne pas se tromper, tourne la tête et darde
Avec force, en riant, pendant qu’il la regarde,
Chantant toujours, ses yeux vers lui, faisant bien voir
De son doigt à quel point au contraire il est noir,
Ce regard si divin, ajoutant que sous l’ombre
Du voile il doit paraître encore bien plus sombre ;
Mais l’autre, les sourcils levés, ne répond pas ;
Il poursuit sa chanson et sur le mot « trépas »
Qu’auprès d’elle, dit-il, partout, toujours, il brave,
Il garde assez longtemps, et fort, un son très grave
Qu’il cherche à nuancer expressif et tremblant.
Pour s’en débarrasser, Roberte fait semblant
De vouloir préparer sa pelle à son adresse,
En disant : « Tu vas voir à quel point ta tendresse
Excessive est déjà réciproque, et combien
Mon amour est plus grand encore que le tien. »