Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liquide pesant, qui, sans elle, eût produit de gênants crépitements.

L’eau, accumulée en flaques rondes, pénétrait à l’intérieur de l’instrument par deux ouvertures circulaires ménagées dans la plaque résonnante. Chacune des deux cascades prévues se déversait en silence sur un étroit feutrage interne spécialement destiné à la recevoir.

Un jet fin et limpide, sortant par quelque issue isolée, se forma bientôt sous la cithare et vint aboutir avec précision au déversoir de la terrine établie soigneusement par Skarioffszky. L’eau, suivant la pente de l’étroit canal également feutré, glissa sans bruit jusqu’au fond de l’énorme bassine qui préservait le sol de toute inondation.

Le ver accomplissait toujours ses contorsions musicales, attaquant parfois deux notes en même temps, à la façon des citharistes professionnels dont chaque main est armée d’une baguette.

Plusieurs mélodies plaintives ou gaies succédèrent sans interruption à la première cantilène.

Ensuite, dépassant le cadre de l’habituel répertoire départi à l’instrument, le reptile se lança dans l’exécution polyphonique d’une valse étrangement dansante.

Accompagnement et chant vibraient à la fois