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attendait sans armes, affublé de sa toilette féminine et entouré seulement d’une poignée de défenseurs.

En arrivant, Yaour jeta un regard autour de lui et parut troublé par l’absence des guerriers qu’il comptait prendre au piège. Talou marcha au-devant de lui, et les deux monarques échangèrent quelques propos, que Sirdah, restée parmi nous, traduisit à voix basse.

Tout d’abord, Yaour, s’appliquant vainement à dissimuler son inquiétude, demanda s’il n’aurait pas le bonheur de voir les belles troupes ponukéléiennes, dont on vantait partout l’audace et la fierté. Talou répondit que son hôte avait légèrement devancé l’heure désignée et que ses guerriers, actuellement occupés à l’achèvement de leur parure, viendraient dans quelques instants se masser sur l’esplanade pour rehausser par leur présence l’éclat de la représentation. Rassuré par cette affirmation, mais craignant d’avoir éveillé à la suite de sa question imprudente les soupçons de l’empereur, Yaour affecta aussitôt de s’occuper de futilités. Il se mit à passionnément admirer l’accoutrement de Talou, en manifestant le brûlant désir de posséder quelque costume semblable.

À ces mots, l’empereur, qui cherchait une occasion de gagner du temps jusqu’à l’arrivée de l’armée ennemie, se tourna brusquement vers