Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Coupé avec soin par Bex, un des fragments de la brindille devint un fragile archet, qui bientôt attaqua sans peine les cordes du luth minuscule si rapidement agencé.

Suivant la prédiction de Fogar, tous les crins, vibrant isolément, produisaient deux notes simultanées d’égale sonorité.

Bex, enthousiasmé, décida le jeune homme à exhiber au jour du gala l’inconcevable instrument ainsi que la chandelle végétale facile à rallumer.


Encouragé par ses succès, Fogar chercha de nouvelles merveilles capables d’augmenter encore l’intérêt de son apparition.

Voyant, certain soir, un matelot du Lyncée laver du linge dans le courant du Tez, il fut surpris de la ressemblance offerte par l’un de ses animaux marins avec la mousse de savon répandue sur les eaux.

Sa lessive terminée, le matelot, par plaisanterie, donna son savon à Fogar, en accompagnant ce présent intentionné d’un lazzi amical sur la couleur de peau du jeune nègre.

L’adolescent, maladroitement, laissa tomber le bloc humecté qui se dérobait sous ses doigts, mais