superstitieuse, consultait toujours la mère Angélique, vieille intrigante familière et bavarde, à la fois tireuse de cartes, chiromancienne, astrologue et prêteuse sur gages, qui, moyennant finances, s’employait à toute espèce de besognes.
Mandée par une lettre pressante, Angélique se rendit chez Flore. La vieille femme réalisait le type parfait de la diseuse de bonne aventure, avec son cabas crasseux et son ample rotonde qui, depuis dix ans, lui servait à braver les hivers algériens parfois rigoureux.
Flore avoua son secret et voulut savoir, avant tout, si sa flamme était née sous d’heureux auspices. Angélique, aussitôt, tira de son cabas un planisphère céleste qu’elle épingla au mur ; puis, prenant la date de la veille pour point de départ de son horoscope, elle se plongea dans une grave méditation, semblant se livrer à un calcul mental actif et compliqué. À la fin elle désigna du doigt la constellation du Cancer, dont l’influence bienfaisante devait préserver de tout déboire les futures amours de Flore.
Ce premier point élucidé, il s’agissait de mener l’intrigue le plus secrètement possible, car l’adjudant, soupçonneux et jaloux, épiait sournoisement les moindres agissements de sa maîtresse.
Angélique remit le planisphère dans son cabas