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Djizmé ce talent plein d’invention et de subtilité.

Artiste de toutes façons, Naïr savait dessiner et se délassait de l’absorbante fabrication de ses pièges en esquissant des portraits et des paysages d’une exécution bizarre et primitive. Un jour, il remit à son amante une curieuse natte blanche, qu’il avait patiemment ornée d’une quantité de petits croquis représentant les sujets les plus variés. Il voulait, au moyen de ce cadeau, présider au sommeil de Djizmé, qui désormais reposa chaque nuit sur la couche moelleuse dont le contact lui rappelait sans cesse la tendre et attentive sollicitude du bien-aimé.

Le jeune couple vivait ainsi heureux et tranquille, quand une imprudence de Naïr mit soudain la vérité sous les yeux de Mossem.

Certaines des caisses apportées par la mer après le naufrage du Sylvandre contenaient divers articles d’habillement qui, depuis lors, étaient demeurés sans emploi. Djizmé, avec l’autorisation de Mossem, puisait dans cette réserve une masse de colifichets dont s’accommodait sa frivolité insouciante et légère.

Les gants surtout amusaient la rieuse enfant, qui, en toute occasion un peu solennelle, se plaisait à emprisonner ses mains et ses bras dans de souples fourreaux de peau de Suède.