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d’enfants se mit à longer à pas lents le côté de l’esplanade occupé par la Bourse.

Après eux venaient, en séduisante théorie, les dix épouses du souverain, gracieuses Ponukéléiennes remplies d’attraits et de beauté.

Enfin, l’empereur Talou VII parut, curieusement accoutré en chanteuse de café-concert, avec sa robe bleue décolletée formant, par derrière, une longue traîne, sur laquelle le numéro « 472 » se détachait en chiffres noirs. Sa face de nègre, pleine d’une énergie sauvage, ne manquait pas d’un certain caractère, sous le contraste de sa perruque féminine aux magnifiques cheveux blonds soigneusement ondulés. Il guidait par la main sa fille Sirdah, svelte enfant de dix-huit ans dont les yeux convergents se voilaient de taies épaisses, et dont le front noir portait une envie rouge affectant la forme d’un minuscule corset étoilé de traits jaunes.

Derrière, marchaient les troupes ponukéléiennes, composées de superbes guerriers au teint d’ébène, lourdement armés sous leurs parures de plumes et d’amulettes.

Le cortège suivait peu à peu la même direction que le groupe d’enfants.

En passant devant la sépulture du zouave, Sirdah, qui sans doute avait compté ses pas, s’approcha soudain de la pierre tombale, sur laquelle ses lèvres déposèrent doucement un long