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Dix minutes plus tard nous étions tous rentrés à Éjur.

Talou nous entraîna jusqu’à la place des Trophées, où nous aperçûmes Rao accompagné d’un guerrier indigène.

Devant tous, l’empereur désigna Carmichaël en commentant son geste par quelques mots brefs.

Aussitôt Rao s’approcha du jeune Marseillais, qu’il mena vers un des sycomores voisins du théâtre rouge.

Le guerrier fut mis en faction pour surveiller le pauvre puni, qui, debout, le visage tourné vers le tronc de l’arbre, commença les trois heures de consigne durant lesquelles il devait sans cesse repasser la Bataille du Tez, imparfaitement exécutée la veille.

Prenant dans les coulisses désertes la chaise de Juillard, je vins m’asseoir sous les branches du sycomore, en proposant à Carmichaël de lui faciliter sa tâche par mon concours. Il me tendit à l’instant même une grande feuille volante sur laquelle la prononciation barbare du texte ponukéléien se trouvait minutieusement transcrite en