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La scène fut bientôt rendue aux regards pour l’entrée de la vieille ballerine Olga Tcherwonenkoff, grosse Livonienne à moustache, qui, habillée en danseuse et parée de feuillage, fit son apparition sur le dos de l’élan Sladki, qu’elle écrasait sous son poids formidable ; le gracieux animal arpenta les planches deux fois de suite, puis regagna la coulisse, débarrassé de sa corpulente amazone, qui se mit en position pour exécuter le Pas de la Nymphe.

Le sourire aux lèvres, l’ex-étoile commença une série de rapides évolutions, encore marquées par certains vestiges de son talent passé ; sous les plis raides de la jupe de tulle, ses jambes monstrueuses, moulées par l’étreinte du maillot rose, accomplissaient leur savant travail avec une agilité suffisante et un restant de grâce dont on avait lieu d’être surpris.

Soudain, en traversant la scène à petits pas, les deux pieds dressés sur l’extrême pointe du gros orteil, Olga tomba lourdement avec des cris de douleur.

Le docteur Leflaive, quittant notre groupe, se précipita sur la scène, où il put constater l’état