une arche très ample se rattachait par ses deux extrémités aux poignets encerclés que le coureur tendait en avant à une hauteur inégale. Un gant, un œuf et un fétu de paille, accomplissant un vol factice, étaient traversés par le fil métallique en trois points différents de la courbe gracieuse. Les mains du fuyard s’ouvraient vers le ciel comme pour jongler avec ces trois objets figés dans leur course aérienne. L’arche, obliquement inclinée, donnait une impression d’entraînement rapide et irrésistible. Vu de profil perdu et attiré en apparence par une force invincible, le jongleur s’éloignait vers le fond de la scène.
Au second plan, une oie vivante gardait une pose de vertigineux essor, grâce à une glu quelconque fixant au sol, en un pas immense, ses pattes prodigieusement distantes. Les deux ailes blanches s’écartaient largement comme pour activer cette fuite éperdue. Derrière l’oiseau, Soreau, vêtu d’une robe flottante, représentait Borée en courroux ; de sa bouche s’échappait un long entonnoir en carton gris bleuté, qui, zébré de fines rayures longitudinales et copié sur ces grands souffles mis par les dessinateurs aux lèvres des zéphyrs joufflus, figurait avec art une haleine de tempête ; le bout évasé du cône léger visait l’oie, chassée en avant par le déplacement d’air. Borée, en outre, tenant dans la main droite une rose à haute tige épineuse, s’apprêtait froidement