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Le commentateur insinue qu’il en est autrement d’une femme libre, et que celle-ci, du moins en règle générale, car nous avons vu l’exception constituée par ta cérémonie du svayaṃvara, n’a pas le droit d’épouser qui bon lui semble. D’ailleurs, le poète ne vient-il pas de déclarer que « l’esclave, le fils et la femme ne sauraient disposer de leur personne »[1]. Tout ceci est bien un peu contradictoire, et il est assez étrange que, dans une chose aussi importante que le choix d’un époux, l’esclave jouisse d’un droit, d’une liberté déniée à la femme libre. Tels sont les quelques renseignements que nous fournit le Sabhâ-Parvan sur la condition des femmes, en général.

Nous avons lu, dans l’Adi-Parvan, le récit de plusieurs enfantements merveilleux. Le Sabhâ nous en offre aussi, témoin cet échantillon.

Kṛṣṇa racontait à Yudhiṣṭhira comment Jarâsañdha vint au monde. Son père, Bṛhadratha, fut longtemps sans avoir de fils. Il se désolait. Dans son découragement, il entendit parler d’un ascète, nommé Cañḍa Kauçika : c’était le fils de Kâkṣivat et le petit-fils de Gautama, deux Rçis célèbres[2]. Bṛhadratha, accompagné de ses deux épouses, filles jumelles du roi de Kâçî (Bénarès), se rendit auprès de l’ascète qui s’était retiré au pied d’un manguier. Il lui exposa son chagrin. Soudain tomba de l’arbre, dans le giron du solitaire, un fruit savoureux que le bec d’aucun perroquet, ni d’aucun autre oiseau n’avait entamé. Cañḍa Kauçika donna ce fruit au roi comme un moyen infaillible d’avoir un fils et il l’engagea à s’en retourner chez lui, sans courir les bois davantage. Bṛhadratha obéit.

  1. Id. 1.
  2. XVII, 22 et seq. Cf. Bhâg. Pur. 1, IX, 7