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qu’il appelle l’affranchissement de la transmigration, le salut final, le Moksha.

L’auteur du poème que nous étudions sacrifie à Bhagavat qui n’est autre que Vishnu tous les autres Dieux du Panthéon hindou, de même que la doctrine unitaire du Védantisme a ses préférences sur le système dualiste du Sâmkhya. S’il admet l’éternité de la Nature, comme celle de l’Esprit[1], il déclare formellement la supériorité du second sur la première[2] : l’un et l’autre, d’ailleurs, ne sont, d’après lui, qu’une double forme de Bhagavat[3], de sorte que Bhagavat, c’est-à-dire Vishnu, est son Dieu, par excellence, ou même son unique Dieu, comme nous le verrons de plus en plus clairement dans la suite, les autres divinités étant toutes absorbées en lui, à force d’être dominées par lui. En traitant de l’essence divine, c’est donc spécialement, pour ne pas dire exclusivement, de l’essence de Bhagavat qu’il s’agira.

Nous prendrons, l’une après l’autre, les principales descriptions que le poète donne de l’Être Suprême, nous bornant à relever dans chacune d’elles les traits les plus saillants.

L’auteur débute ainsi :

« Méditons sur l’Être duquel dérive la création de cet univers, parce qu’il s’unit aux choses et qu’il en reste cependant distinct, sur cet être tout-puissant, resplendissant dans son propre éclat, qui a tiré de son intelligence, pour le premier chantre inspiré, le Véda qui trouble les sages eux-mêmes ; sur cet être en qui le triple produit [des qualités] existe de la même réalité que les phénomènes où l’on prend l’un pour l’autre les éléments, comme le feu, l’eau, la terre ; sur cet être dont la lumière

  1. 3, XXVII, 17.
  2. Id., XXV, 17 ; XXVI, 3 et 8.
  3. Id., XXIX, 36.