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M. Barth dit encore, et cela concorde parfaitement avec ce que vient de nous dire Eugène Burnouf :

« Il y a là — dans la légende de Krishna — comme du reste dans la poésie épique en général, un prodigieux regain de fables qui, pour être conservées dans des monuments de rédaction relativement modernes, n’en sont pas moins, la plupart, fort anciennes. »[1]

Les ennemis du Christianisme qui, pour le combattre, s’arment du Bhâgavata-Purâna, devraient commencer par établir que les passages de ce poème qui concordent avec les traditions évangéliques, remontent à une époque antérieure à l’ère chrétienne : il ne leur suffit pas d’affirmer, en général, et cela en s’autorisant de noms respectés, comme ceux de M. Barth ou d’Eugène Burnouf, que la légende de Krishna est plus vieille de deux ou trois siècles que les Évangiles. Et encore, lorsqu’ils auront fait cela, si jamais ils y parviennent, leur but ne sera qu’à demi atteint ; il leur faudra, de plus, établir, sur une base un peu plus sérieuse que des assertions gratuites, que nos écrivains sacrés se sont inspirés des traditions brahmaniques.

D’un autre côté, les apologistes du Christianisme, tout persuadés qu’ils peuvent être que ce poème étrange est plein d’infiltrations évangéliques, s’il m’est permis d’employer cette expression, feraient peut-être bien, avant de le crier sur tous les toits, d’en avoir acquis la preuve authentique, palpable ; autrement, on pourrait leur retourner l’axiome qu’ils appliquent à bon droit aux adversaires dont il est question : quod gratis asseritur, gratis negatur.

Le mieux qu’ils aient à faire, c’est, me semble-t-il, — et ce leur est aisé — de prouver combien les assertions des Schuré, des Émile Burnouf, des Rosny, des Jacolliot, pour descendre jusqu’à ce dernier nom, sont gratuites et

  1. Op. cit. 105.