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d’une minuscule lorgnette-pendeloque, dont chaque tube, large de deux millimètres et fait pour se coller contre l’œil, renfermait une photographie sur verre, l’un celle des bazars du Caire, l’autre celle d’un quai de Louqsor.

Je fis la description en vers de ces deux photographies. (C’était, en somme, un recommencement exact de mon poème la Vue.)

Ce premier travail achevé, je repris l’œuvre dès son début pour la mise au point des vers. Mais au bout d’un certain temps j’eus l’impression qu’une vie entière ne suffirait pas à cette mise au point et je renonçai à poursuivre ma tâche. Le tout m’avait pris cinq années de travail. Si l’on retrouve le manuscrit dans mes papiers, peut-être intéressera-t-il, tel qu’il est, certains de mes lecteurs.

Or, si, des treize ans et demi qui s’écoulèrent de l’hiver de 1915 à l’automne de 1928, je retranche les cinq ans dont je viens de parler, plus le temps que je mis à écrire l’Étoile au Front et la Poussière de Soleils, le constate qu’il m’a fallu sept ans pour composer les Nouvelles Impressions d’Afrique telles que je les ai présentées au public.

En terminant cet ouvrage je reviens sur le sentiment douloureux que j’éprouvai toujours en voyant mes œuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale.

(Il ne fallut pas moins de vingt-deux ans pour épuiser la première édition d’Impressions d’Afrique.)

Je ne connus vraiment la sensation du succès que lorsque je chantais en m’accompagnant