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Enfin, vers trente ans, j’eus l’impression d’avoir trouvé ma voie par les combinaisons de mots dont j’ai parlé. J’écrivis Nanon, Une Page du Folklore breton puis Impressions d’Afrique.

Impressions d’Afrique parut en feuilleton dans le Gaulois du Dimanche et y passa tout à fait inaperçu.

De même, quand cette œuvre parut en librairie, nul n’y fit attention. Seul, Edmond Rostand, à qui j’en avais envoyé un exemplaire, la comprit du premier coup, se passionna pour elle et en parla à tous, allant jusqu’à en lire des fragments à haute voix à ses familiers. Il me disait souvent : « Il y aurait une pièce extraordinaire à tirer de votre livre. » Ces paroles m’influencèrent. En outre je souffrais d’être incompris et je pensai que par le théâtre j’atteindrais peut-être plus facilement le public que par le livre.

Je tirai donc d’Impressions d’Afrique une pièce que je fis jouer au théâtre Fémina d’abord, au théâtre Antoine ensuite.

Ce fut plus qu’un insuccès, ce fut un tollé. On me traitait de fou, on « emboîtait » les acteurs, on jetait des sous sur la scène, des lettres de protestation étaient adressées au directeur.

Une tournée faite en Belgique, en Hollande et dans le nord de la France ne fut pas plus heureuse.

Pendant ce temps j’écrivais Locus Solus.

Comme Impressions d’Afrique l’ouvrage parut en feuilleton dans le Gaulois du Dimanche et, de même, y passa tout à fait inaperçu.

En librairie, résultat nul.

De nouveau je voulus recourir au théâtre et