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Dans l’épisode de Fogar je me rappelle avoir employé « Mane Thecel Pharès » dont j’ai fait « manette aisselle phare » ; d’où le phare à manette qu’allume Fogar. Je me rappelle aussi que le mot Lupus (loup) était venu du mot Lupus (maladie).

Ce procédé, en somme, est parent de la rime. Dans les deux cas il y a création imprévue due à des combinaisons phoniques.

C’est essentiellement un procédé poétique.

Encore faut-il savoir l’employer. Et de même qu’avec des rimes on peut faire de bons ou de mauvais vers, on peut, avec ce procédé, faire de bons ou de mauvais ouvrages.

Locus Solus a été écrit ainsi. Mais là je ne me suis plus guère servi que du procédé évolué. C’est-à-dire que je tirais une suite d’images de la dislocation d’un texte quelconque, comme dans les exemples d’Impressions d’Afrique que j’ai cités en dernier. Une fois, le procédé y reparaît dans sa forme primitive avec le mot demoiselle considéré dans deux sens différents ; encore le second mot a-t-il subi une dislocation qui se rattache au procédé évolué :

1o Demoiselle (jeune fille) à prétendant ; 2o demoiselle (hie) à reître en dents.

Je me trouvais donc en face de ce problème : l’exécution d’une mosaïque par une hie. D’où l’appareil si compliqué décrit pages 35 et suivantes. C’était d’ailleurs le propre du procédé de faire surgir des sortes d’équations de faits (suivant une expression employée par Robert de Montesquiou dans une étude sur mes livres) qu’il s’agissait de résoudre logiquement. (On a fait beaucoup de jeux de mots sur Locus Solus ; Loufocus Solus, Cocus Solus, Blocus Solus ou