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sens de « signes typographiques », « blanc » dans le sens de « cube de craie » et « bandes » dans le sens de « bordures ».

Dans la seconde, « lettres » était pris dans le sens de « missives », « blanc » dans le sens d’ « homme blanc » et « bandes » dans le sens de « hordes guerrières ».

Les deux phrases trouvées, il s’agissait d’écrire un conte pouvant commencer par la première et finir par la seconde.

Or c’était dans la résolution de ce problème que je puisais tous mes matériaux.

Dans le conte en question il y avait un blanc (un explorateur) qui, sous ce titre « Parmi les noirs », avait publié sous forme de lettres (missives) un livre où il était parlé des bandes (hordes) d’un pillard (roi nègre).

Au début on voyait quelqu’un écrire avec un blanc (cube de craie) des lettres (signes typographiques) sur les bandes (bordures) d’un billard. Ces lettres, sous une forme cryptographique, composaient la phrase finale : « Les lettres du blanc sur les bandes du vieux pillard », et le conte tout entier reposait sur une histoire de rébus basée sur les récits épistolaires de l’explorateur.

Je montrerai tout à l’heure qu’il y avait dans ce conte toute la genèse de mon livre « Impressions d’Afrique » écrit une dizaine d’années plus tard.

On trouvera trois exemples très clairs de ce procédé de création basé sur deux phrases presque semblables à sens différent :

1o Dans Chiquenaude, un conte qui a paru chez Alphonse Lemerre vers 1900.

2o Dans Nanon, un conte qui a paru dans le Gaulois du Dimanche vers 1907.