ser ces amphithéâtres ; brisez ces marbres, brûlez ces tableaux, chassez ces esclaves qui vous subjuguent, et dont les funestes arts vous corrompent. Que d’autres mains s’illustrent par de vains talents ; le seul talent digne de Rome est celui de conquérir le monde, et d’y faire régner la vertu. Quand Cynéas prit notre sénat pour une assemblée de rois, il ne fut ébloui ni par une pompe vaine, ni par une élégance recherchée ; il n’y entendit point cette éloquence frivole, l’étude et le charme des hommes futiles. Que vit donc Cynéas de si majestueux ? Ô citoyens ! il vit un spectacle que ne donneront jamais vos richesses ni tous vos arts ; le plus beau spectacle qui ait jamais paru sous le ciel : l’assemblée de deux cents hommes vertueux, dignes de commander à Rome, et de gouverner la terre. »
Mais franchissons la distance des lieux et des temps, et voyons ce qui s’est passé dans nos contrées et sous nos yeux ; ou plutôt, écartons des peintures odieuses qui blesseraient notre délicatesse, et épargnons-nous la peine de répéter les mêmes choses sous d’autres noms. Ce n’est point en vain que j’évoquais les mânes de Fabricius ; et qu’ai-je fait dire à ce grand homme, que je n’eusse pu mettre dans la bouche de Louis XII ou de Henri IV ? Parmi nous, il est vrai, Socrate n’eut point bu la ciguë, mais il eut bu, dans une coupe encore plus amère, la raillerie insultante, et le mépris pire cent fois que la mort.
Voilà comment le luxe, la dissolution, et l’es-