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sur les matières du temps, mois de janvier 1743, l’extrait d’une épître en vers adressée à M. Bordes, et faite avant cette époque par Jean-Jacques. Le journaliste dit, à propos de cette épître, « Que M. Rousseau est capable de soutenir la réputation du grand nom qu’il porte, et qu’il pourra bien arriver quelque jour qu’on dise, sur le Parnasse, Rousseau I, Rousseau II. »

L’épître à M. Bordes est trop médiocre pour excuser un pareil éloge. Le journaliste, obligé de remplir son volume, n’était pas et ne pouvait être difficile. Il assure « qu’il n’a pu arracher l’épître à la modestie de M. Rousseau qu’à force de sollicitations. » La modestie de Jean-Jacques aurait dû être inaccessible. Cependant cette épître nous sert à faire voir que l’auteur avait, bien avant 1749, les opinions qu’il exprima plus tard avec tant d’énergie, et qu’il ne les prit point de Diderot, qu’il ne connaissait pas encore.


« Moi, fier républicain que blesse l’arrogance,
« Du riche impertinent je méprise l’appui, etc. »


Cette épître faisant partie de la présente édition (2e section de la littérature }, il sera facile au lecteur de vérifier notre observation. Mais comme la date en est constatée par l’insertion dans le journal du mois de janvier 1743, il était nécessaire de faire connaître cette particularité. Rousseau partit quelques mois après pour se rendre à Venise, d’où il ne revint qu’à la fin de 1744, et ce ne fut qu’à son retour qu’il contracta avec Diderot une liaison plus intime que celle qui existait entre eux avant ce voyage.