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le fit passer à l’Académie[1], et n’y songeait plus, lorsqu’au mois de juillet 1750, il apprit qu’on venait de lui décerner le prix.

Comme c’est à ce discours que nous devons cet immortel écrivain, parce que, forcé de répondre aux critiques, il développa son talent et donna bientôt l’essor à son génie, nous avons cru devoir faire connaître les particularités qui le jetèrent dans la littérature, où il ne tarda point de se placer au premier rang. Il nous reste peu de chose à dire. Aux détails que nous avons donnés, soit dans la préface, soit dans le compte que nous avons rendu de nos recherches[2], nous devons ajouter ici un mot sur l’accusation faite à Rousseau de n’avoir pris la négative dans la question proposée, que d’après le conseil de Diderot. Prouver que, bien avant de le connaître, Jean-Jacques avait l’opinion qu’il avance et qu’il défend, c’est démontrer qu’il n’obéit qu’à sa propre impulsion, et qu’il n’en reçut de personne.

Voici cette preuve : le hasard nous l’a procurée récemment. On trouve dans la Clef, ou Journal historique

  1. Il avait pris cette épigraphe : Decipimur specie recti.. C’est probablement lorsqu’il vit qu’on se déchaînait contre lui, qu’il y ajouta la seconde, Barbarus hic, etc. Il prétendit, non sans raison, qu’il n’avait pas été compris, et le prouva dans la préface de Narcisse.
  2. Dans l’Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau, 2 vol. in-8o ; Paris, chez Brière et Chasseriau, 2e édition.

    Nous sommes forcés de renvoyer souvent à ces recherches, qui ne sont pas de nature à être reproduites dans les œuvres de l’auteur d’Émile. Elles contiennent les preuves et les pièces justificatives des faits et des observations qui accompagnent cette édition. Ainsi, tome II, p. 366, on trouvera des détails sur la séance où le prix fut décerné à Jean-Jacques ; les noms des membres du tribunal académique, le honteux desaveu que firent leurs successeurs relativement à ce prix ; enfin le récit des circonstances d’après lesquelles il est démontré que Rousseau ne fut influencé ni par Diderot, ni par Francueil.