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les plus paisibles dans leurs amours, et les moins sujets à la jalousie, quoique vivant sous un climat brûlant qui semble toujours donner à ces passions une plus grande activité.

À l’égard des inductions qu’on pourrait tirer dans plusieurs espèces d’animaux, des combats des mâles qui ensanglantent en tout temps nos basses-cours ou qui font retenir au printemps nos forêts de leurs cris en se disputant la femelle, il faut commencer par exclure toutes les espèces où la nature a manifestement établi dans la puissance relative des sexes d’autres rapports que parmi nous : ainsi les combats des coqs ne forment point une induction pour l’espèce humaine. Dans les espèces où la proportion est mieux observée, ces combats ne peuvent avoir pour causes que la rareté des femelles eu égard au nombre des mâles, ou les intervalles exclusifs durant lesquels la femelle refuse constamment l’approche du mâle, ce qui revient à la première cause ; car si chaque femelle ne souffre le mâle que durant deux mois de l’année, c’est à cet égard comme si le nombre des femelles était moindre des cinq sixièmes. Or aucun de ces deux cas n’est applicable à l’espèce humaine où le nombre des femelles surpasse généralement celui des mâles, et où l’on n’a jamais observé que même parmi les sauvages les femelles aient, comme celles des autres espèces, des temps de chaleur et d’exclusion. De plus parmi plusieurs de ces animaux, toute l’espèce entrant à la fois en effervescence, il vient un moment terrible d’ardeur commune, de tumulte, de