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bois. Les Caraïbes de Venezuela vivent entre autres à cet égard dans la plus profonde sécurité et sans le moindre inconvénient. Quoiqu’ils soient presque nus, dit François Corréal, ils ne laissent pas de s’exposer hardiment dans les bois, armés seulement de la flèche et de l’arc ; mais on n’a jamais ouï dire qu’aucun d’eux ait été dévoré des bêtes.

D’autres ennemis plus redoutables, et dont l’homme n’a pas les mêmes moyens de se défendre, sont les infirmités naturelles, l’enfance, la vieillesse, et les maladies de toute espèce ; tristes signes de notre faiblesse, dont les deux premiers sont communs à tous les animaux, et dont le dernier appartient principalement à l’homme vivant en société. J’observe même, au sujet de l’enfance, que la mère, portant partout son enfant avec elle, a beaucoup plus de facilité à le nourrir que n’ont les femelles de plusieurs animaux, qui sont forcées d’aller et venir sans cesse avec beaucoup de fatigue, d’un côté pour chercher leur pâture, et de l’autre, pour allaiter ou nourrir leurs petits. Il est vrai que, si la femme vient à périr, l’enfant risque fort de périr avec elle ; mais ce danger est commun à cent autres espèces dont les petits ne sont de long-temps en état d’aller chercher eux-mêmes leur nourriture ; et si l’enfance est plus longue parmi nous, la vie étant plus longue aussi, tout est encore à peu près égal en ce point (Note 7) ; quoiqu’il y ait sur la durée du premier âge, et sur le nombre des petits (Note 8), d’autres règles qui ne sont pas de mon sujet. Chez les vieillards, qui agissent et transpirent