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heur et de la liberté. Qu’une jeunesse dissolue aille chercher ailleurs des plaisirs faciles et de longs repentirs ; que les prétendus gens de goût admirent en d’autres lieux la grandeur des palais, la beauté des équipages, les superbes ameublements, la pompe des spectacles, et tous les raffinements de la mollesse et du luxe : à Genève on ne trouvera que des hommes ; mais pourtant un tel spectacle a bien son prix, et ceux qui le rechercheront vaudront bien les admirateurs du reste.

Daignez, magnifiques, très-honorés et souverains seigneurs, recevoir tous avec la même bonté les respectueux témoignages de l’intérêt que je prends à votre prospérité commune. Si j’étais assez malheureux pour être coupable de quelque transport indiscret dans cette vive effusion de mon cœur, je vous supplie de le pardonner à la tendre affection d’un vrai patriote, et au zèle ardent et légitime d’un homme qui n’envisage point de plus grand bonheur pour lui-même que celui de vous voir tous heureux.


Je suis avec le plus profond respect,


magnifiques, très-honorés et souverains seigneurs,


Votre très-humble et très-obéissant serviteur et concitoyen,
J. J. ROUSSEAU.


À Chambéry, le 12 juin 1754.