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AVIS DE L’ÉDITEUR.

n’osèrent livrer à l’impression le mémoire couronné, de manière qu’il fut également impossible d’en admirer les beautés ou d’en critiquer les défauts.

Si l’éloquence et le talent ne suffisent pas pour faire adjuger le prix à un discours académique, quand on suppose que la doctrine pourrait être dangereuse, alors il faudrait en faire mention, et dire qu’à cause de cette doctrine, l’ouvrage a été écarté du concours ; mais la crainte du blâme paralysa l’académie, qui avait déjà essuyé des reproches à l’occasion du premier discours, et qui ne tarda pas à vouloir flétrir le laurier décerné par elle. Elle ne sentit pas qu’on ne peut concilier le repos et la célébrité, et qu’il faut sacrifier toujours l’un à l’autre.

Jean-Jacques ajouta des notes à ce discours. Grimm regarde la neuvième comme un chef-d’œuvre d’éloquence ; mais rien n’est comparable au style de la dédicace, noble et touchant, simple et majestueux à la fois. Il crut honorer sa patrie en faisant l’éloge des lois qui la gouvernaient.

L’influence de Diderot, que Jean-Jacques avait choisi pour aristarque et qui corrigeait ses écrits, se fait sentir pour la dernière fois dans cet ouvrage.

Comme Rousseau fait, dans son Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, des recherches politiques et morales et l’histoire hypothétique des gouvernements, l’ouvrage aurait pu, sous ce rapport, faire partie de la section des écrits politiques ; mais nous avons dû le considérer comme discours académique, puisque c’est pour répondre à l’appel fait par l’académie de Dijon qu’il fut composé.

M. P.