Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même les faussetés[1] pour tâcher d’affaiblir le poids de son jugement. Je n’ai pas non plus été oublié dans leurs déclamations. Plusieurs ont entrepris de me réfuter hautement ; les sages ont pu voir avec quelle force ; et le public, avec quel succès ils l’ont fait. D’autres plus adroits, connaissant le danger de combattre directement des vérités démontrées, ont habilement détourné sur ma personne une attention qu’il ne fallait donner qu’à mes raisons ; et l’examen des accusations qu’ils m’ont intentées, a fait oublier les accusations plus graves que je leur intentais moi-même. C’est donc à ceux-ci qu’il faut répondre une fois.

Ils prétendent que je ne pense pas un mot des vérités que j’ai soutenues, et qu’en démontrant une proposition, je ne laissais pas de croire le contraire : c’est-à-dire, que j’ai prouvé des choses si extravagantes, qu’on peut affirmer que je n’ai pu les soutenir que par jeu. Voilà un bel honneur qu’ils font en cela à la science qui sert de fondement à toutes les autres ; et l’on doit croire que l’art de raisonner sert de beaucoup à la découverte de la vérité, quand on le voit employer avec succès à démontrer des folies !

Ils prétendent que je ne pense pas un mot des vérités que j’ai soutenues. C’est sans doute de leur part une manière nouvelle et commode de répondre à des arguments sans réponse, de réfuter

  1. On peut voir dans le Mercure de 1752, le désaveu de l’académie de Dijon, au sujet de je ne sais quel écrit, attribué faussement par l’auteur à l’un des membres de cette académie.