Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

barbares, parce qu’on donnait un maître pour l’exercice de chaque vertu, quoique la vertu soit indivisible ; parce qu’il s’agit de l’inspirer, et non de l’enseigner ; d’en faire aimer la pratique, et non d’en démontrer la théorie. » Que de choses n’aurais-je point à répondre ! Mais il ne faut pas faire au lecteur l’injure de lui tout dire. Je me contenterai de ces deux remarques. La première, que celui qui veut élever un enfant ne commence pas par lui dire qu’il faut pratiquer la vertu ; car il n’en serait pas entendu ; mais il lui enseigne premièrement à être vrai, et puis à être tempérant, et puis courageux, etc. ; et enfin il lui apprend que la collection de toutes ces choses s’appelle vertu. La seconde, que c’est nous qui nous contentons de démontrer la théorie, mais les Perses enseignaient la pratique. Voyez mon Discours, page 37, note.

« Tous les reproches qu’on fait à la philosophie attaquent l’esprit humain… » J’en conviens. « Ou plutôt l’auteur de la nature, qui nous a faits tels que nous sommes. » S’il nous a faits philosophes, à quoi bon nous donner tant de peine pour le devenir ? « Les philosophes étaient des hommes, ils se sont trompés ; doit-on s’en étonner ? « C’est quand ils ne se tromperont plus qu’il faudra s’en étonner. Plaignons-les, profitons de leurs fautes, et corrigeons-nous. » Oui, corrigeons-nous et ne philosophons plus. « Mille routes conduisent à l’erreur,

    sophes : d’où il s’ensuivra qu’ils ont tous été des bavards, comme je le prétends, si l’on trouve leurs raisons mauvaises ; ou que j’ai cause gagnée, si on les trouve bonnes.