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celui qu’on se procure, non en réfutant les raisons de son adversaire, mais en l’empêchant de les dire.

Je ne suivrai pas non plus toutes les réflexions qu’on prend la peine de faire sur le luxe, sur la politesse, sur l’admirable éducation de nos enfants[1], sur les meilleures méthodes pour étendre nos connaissances, sur l’utilité des sciences et l’agrément des beaux-arts, et sur d’autres points dont plusieurs ne me regardent pas, dont quelques-uns se réfutent d’eux-mêmes, et dont les autres ont déjà été réfutés. Je me contenterai de citer encore quelques morceaux pris au hasard, et qui me paraîtront avoir besoin d’éclaircissement. Il faut bien que je me borne à des phrases, dans l’impossibilité de suivre des raisonnements dont je n’ai pu saisir le fil.

On prétend que les nations ignorantes qui ont eu « des idées de la gloire et de la vertu sont des exceceptions singulières qui ne peuvent former aucun préjugé contre les sciences. » Fort bien ; mais toutes les nations savantes, avec leurs belles

  1. Il ne faut pas demander si les pères et les maîtres seront attentifs à écarter mes dangereux écrits des yeux de leurs enfants et de leurs élèves. En effet, quel affreux désordre, quelle indécence ne serait-ce point, si ces enfants, si bien élevés, venaient à dédaigner tant de jolies choses, et à préférer tout de bon la vertu au savoir ! Ceci me rappelle la réponse d’un précepteur lacédémonien à qui l’on demandait par moquerie ce qu’il enseignerait à son élève. Je lui apprendrai, dit-il, à aimer les choses honnêtes*. Si je rencontrais un tel homme parmi nous, je lui dirais à l’oreille : Gardez-vous bien de parler ainsi, car jamais vous n’auriez de disciples ; mais dites que vous leur apprendrez à babiller agréablement, et je vous réponds de votre fortune.

    *Plutarque vers la fin du traité. Que la vertu se peut enseigner