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sont surtout des vertus quand elles sont employées à l’assistance de nos semblables. « Je ne vois là que des vertus animales peu conformes à la dignité de notre être. Le corps est exercé, mais l’âme esclave ne fait que ramper et languir. » Je dirais volontiers, en parcourant les fastueuses recherches de toutes nos académies : « Je ne vois là que d’ingénieuses subtilités, peu conformes à la dignité de notre être. L’esprit est exercé, mais l’âme esclave ne fait que ramper et languir. » « Ôtez les arts du monde, nous dit-on ailleurs, que reste-t-il ? les exercices du corps et les passions ? » Voyez, je vous prie, comment la raison et la vertu sont toujours oubliées ! « Les arts ont donné l’être aux plaisirs de l’âme, les seuls qui soient dignes de nous. » C’est-à-dire qu’ils en ont substitué d’autres à celui de bien faire, beaucoup plus digne de nous encore. Qu’on suive l’esprit de tout ceci, on y verra, comme dans les raisonnements de la plupart de mes adversaires, un enthousiasme si marqué sur les merveilles de l’entendement, que cette autre faculté, infiniment plus sublime et plus capable d’élever et d’ennoblir l’âme, n’y est jamais comptée pour rien. Voilà l’effet toujours assuré de la culture des lettres. Je suis sûr qu’il n’y a pas actuellement un savant qui n’estime beaucoup plus l’éloquence de Cicéron que son zèle, et qui n’aimât infiniment mieux avoir composé les Catilinaires que d’avoir sauvé son pays.

L’embarras de mes adversaires est visible toutes les fois qu’il faut parler de Sparte. Que ne donne-