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trer de la science et du bel esprit ; les livres parurent en foule, et les mœurs commencèrent à se relâcher.

Bientôt on ne se contenta plus de la simplicité de l’Évangile et de la foi des apôtres, il fallut toujours avoir plus d’esprit que ses prédécesseurs. On subtilisa sur tous les dogmes ; chacun voulut soutenir son opinion, personne ne voulut céder. L’ambition d’être chef de secte se fit entendre, les hérésies pullulèrent de toutes parts.

L’emportement et la violence ne tardèrent pas à se joindre à la dispute. Ces chrétiens si doux, qui ne savaient que tendre la gorge aux couteaux, devinrent entre eux des persécuteurs furieux, pires que les idolâtres : tous trempèrent dans les mêmes excès, et le parti de la vérité ne fut pas soutenu avec plus de modération que celui de l’erreur. Un autre mal encore plus dangereux naquit de la même source ; c’est l’introduction de l’ancienne philosophie dans la doctrine chrétienne. À force d’étudier les philosophes grecs, on crut y voir des rapports avec le christianisme. On osa croire que la religion en deviendrait plus respectable, revêtue de l’autorité de la philosophie. Il fut un temps où il fallait être platonicien pour être orthodoxe ; et peu s’en fallut que Platon d’abord, et ensuite Aristote, ne fut placé sur l’autel à côté de Jésus-Christ.

L’Eglise s’éleva plus d’une fois contre ces abus.

    truire de la doctrine contre laquelle on avait à se défendre. Mais qui pourrait voir sans rire toutes les peines que se donnent aujourd’hui nos savants pour éclaircir les rêveries de la mythologie ?