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bornera à comparer avec mon sentiment les vérités qu’on m’objecte ; car si je prouve qu’elles ne l’attaquent point, ce sera, je crois, l’avoir assez bien défendu.

Je puis réduire à deux points principaux toutes les propositions établies par mon adversaire : l’un renferme l’éloge des sciences, l’autre traite de leur abus. Je les examinerai séparément.

Il semble, au ton de la réponse, qu’on serait bien aise que j’eusse dit des sciences beaucoup plus de mal que je n’en ai dit en effet. On y suppose que leur éloge, qui se trouve à la tête de mon discours, a du me coûter beaucoup : c’est, selon l’auteur, un aveu arraché à la vérité et que je n’ai pas tardé à rétracter.

Si cet aveu est un éloge arraché par la vérité, il faut donc croire que je pensais des sciences le bien que j’en ai dit : le bien que l’auteur en dit lui-même n’est donc point contraire à mon sentiment. Cet aveu, dit-on, est arraché par force : tant mieux pour ma cause ; car cela montre que la vérité est chez moi plus forte que le penchant. Mais sur quoi peut-on juger que cet éloge est forcé ? Serait-ce pour être mal fait ? Ce serait intenter un procès bien terrible à la sincérité des auteurs, que d’en juger sur ce nouveau principe. Serait-ce pour être trop court ? Il me semble que j’aurais pu facilement dire moins de choses en plus de pages. C’est, dit-on, que je me suis rétracté. J’ignore en quel endroit j’ai fait cette faute ; et tout ce que je puis répondre, c’est que ce n’a pas été mon intention.