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RÉPONSE
DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU
AU ROI DE POLOGNE,
duc de lorraine,
sur la réfutation faite par ce prince de son discours[1].



Je devrais plutôt un remerciement qu’une réplique à l’auteur anonyme[2] a qui vient d’honorer mon Discours d’une réponse : mais ce que je dois à la reconnaissance ne me fera point oublier ce que je dois à la vérité ; et je n’oublierai pas non plus que, toutes les fois qu’il est question de raison, les hommes rentrent dans le droit de la nature, et reprennent leur première égalité.

Le discours auquel j’ai à répliquer est plein de choses très-vraies et très-bien prouvées auxquelles je ne dois aucune réponse : car, quoique j’y sois qualifié de docteur, je serais bien fâché d’être au nombre de ceux qui savent répondre à tout.

Ma défense n’en sera pas moins facile : elle se

  1. C’est cette réponse que Jean-Jacques met au nombre de ses meilleurs écrits. Voyez Conf., liv. viii.
  2. L’ouvrage du roi de Pologne étant d’abord anonyme, et non avoué par l’auteur, m’obligeait à lui laisser l’incognito qu’il avait pris ; mais ce prince, ayant depuis reconnu publiquement ce même ouvrage, m’a dispensé de taire plus long-temps l’honneur qu’il m’a fait.