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duisent les schismes et les hérésies, c’est le pyrrhonisme, c’est l’incrédulité, qui favorisent l’indépendance, la révolte, les passions, tous les forfaits. De tels adversaires font honneur à la religion. Pour les vaincre, elle n’a qu’à paraître ; seule, elle a de quoi les confondre tous ; elle ne craint que de n’être pas assez connue ; elle n’a besoin que d’être approfondie pour se faire respecter ; on l’aime dès qu’on la connaît ; à mesure qu’on l’approfondit davantage, on trouve de nouveaux motifs pour la croire, et de nouveaux moyens pour la pratiquer : plus le chrétien examine l’authenticité de ses titres, plus il se rassure dans la possession de sa croyance ; plus il étudie la révélation, plus il se fortifie dans la foi. C’est dans les divines écritures qu’il en découvre l’origine et l’excellence ; c’est dans les doctes écrits des pères de l’Église qu’il en suit de siècle en siècle le développement ; c’est dans les livres de morale et les annales saintes qu’il en voit les exemples et qu’il s’en fait l’application.

Quoi ! l’ignorance enlèvera à la religion et à la vertu des lumières si pures, des appuis si puissants ; et ce sera à cette même religion qu’un docteur de Genève enseignera hautement qu’on doit l’irrégularité des mœurs ! On s’étonnerait davantage d’entendre un si étrange paradoxe, si on ne savait que la singularité d’un système, quelque dangereux qu’il soit, n’est qu’une raison de plus pour qui n’a pour règle que l’esprit particulier. La religion étudiée est pour tous les hommes la règle infaillible des bonnes mœurs. Je dis plus : l’étude même de