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PREMIÈRE PARTIE.

Les sciences servent à faire connaître le vrai, le bon, l’utile en tout genre : connaissance précieuse qui, en éclairant les esprits, doit naturellement contribuer à épurer les mœurs.

La vérité de cette proposition n’a besoin que d’être présentée pour être crue : aussi ne m’arrêterai-je pas à la prouver ; je m’attache seulement à réfuter les sophismes ingénieux de celui qui ose la combattre.

Dès l’entrée de son discours, l’auteur offre à nos yeux le plus beau spectacle ; il nous représente l’homme aux prises, pour ainsi dire, avec lui-même, sortant en quelque manière du néant de son ignorance ; dissipant par les efforts de sa raison les ténèbres dans lesquelles la nature l’avait enveloppé ; s’élevant par l’esprit jusque dans les plus hautes sphères des régions célestes ; asservissant à son calcul les mouvements des astres, et mesurant de son compas la vaste étendue de l’univers ; rentrant ensuite dans le fond de son cœur, et se rendant compte à lui-même de la nature de son âme, de son excellence, de sa haute destination.

Qu’un pareil aveu, arraché à la vérité, est honorable aux sciences ! qu’il en montre bien la nécessité et les avantages ! qu’il en a dû coûter à l’auteur d’être forcé à le faire, et encore plus à le rétracter !

La nature, dit-il, est assez belle par elle-même, elle ne peut que perdre à être ornée. Heureux les