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gnorer ce qu’on ne peut supposer qu’il ignore en effet, et ce que tous les historiens disent unanimement, que la dépravation des mœurs et du gouvernement des Athéniens fut l’ouvrage des orateurs. Il est donc certain que m’attaquer de cette manière, c’est bien clairement m’indiquer les réponses que je dois faire.

Ceci n’est pourtant qu’une conjecture que je ne prétends point garantir. M. Gautier n’approuverait peut-être pas que je voulusse justifier son savoir aux dépens de sa bonne foi ; mais si en effet il a parlé sincèrement en réfutant mon Discours, comment M. Gautier, professeur en histoire, professeur en mathématiques, membre de l’académie de Nanci, ne s’est-il pas un peu défié de tous les titres qu’il porte ?

Je ne répliquerai donc pas à M. Gautier : c’est un point résolu. Je ne pourrais jamais répondre sérieusement, et suivre la réfutation pied à pied : vous en voyez la raison ; et ce serait mal reconnaître les éloges dont M. Gautier m’honore, que d’employer le ridiculum acri, l’ironie et l’amère plaisanterie. Je crains bien déjà qu’il n’ait que trop à se plaindre du ton de cette lettre : au moins n’ignorait-il pas, en écrivant sa réfutation, qu’il attaquait un homme qui ne fait pas assez de cas de la politesse pour vouloir apprendre d’elle à déguiser son sentiment.

Au reste, je suis prêt à rendre à M. Gautier toute la justice qui lui est due. Son ouvrage me paraît celui d’un homme d’esprit qui a bien des connais-