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Confessions.

8.

L’oisiveté des cercles est tuante, parce qu’elle est de nécessité ; celle de la solitude est charmante, parce qu’elle est libre et de volonté. Dans une compagnie, il m’est cruel de ne rien faire, parce que j’y suis forcé. Il faut que je reste là cloué sur une chaise ou debout planté comme un piquet, sans remuer ni pied ni patte, n’osant ni courir, ni sauter, ni chanter, ni crier, ni gesticuler quand j’en ai envie ; n’osant pas même rêver, ayant à la fois tout l’ennui de l’oisiveté, et tout le tourment de la contrainte ; obligé d’être attentif à toutes les sottises qui se disent et à tous les complimens qui se font, et de fatiguer incessamment ma Minerve