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MARCELINE.

dame !… presque aussi grande que lui… Et quelles fourrures ! Un manteau qui valait dans les soixante mille, pour le moins. La demoiselle, par exemple, n’avait pas du tout le même chic… petite ou parais sant petite à côté d’eux… et sans goût, cela se voit tout de suite… Et puis cette manière de parler, affectée… Leur fille ? Non. Leur nièce. Elle avait dit : « Mon Oncle » tout à l’heure.

Le vieux Monsieur s’impatientait. — Voyons, ma chère, entres-tu ou n’entres-tu pas ?

Sa femme tourna vers lui ses beaux yeux étroits et limpides entre les paupières chiffonnées.

— J’entre ; seulement je te préviens que j’en ai pour un bon quart d’heure. Tu ferais mieux de ne pas nous attendre.

— Si. Mais je vais marcher un peu, pour obéir au bon Goffaux. Je viendrai à votre rencontre : fais attention de garder le trottoir de droite.

— Entendu.

Il s’éloigna, puis se retourna en soulevant son chapeau. Il regarda les deux femmes disparaître dans le magasin, et sbn visage changea subitement d’expres sion. La petite apprentie en modes se dit qu’il était fatigué, peut-être triste, a coup sûr tourmenté par quelque souci. C’était un homme plus vieux qu’elle n’avait cru. Ses joues tombaient, il avait des poches sous les yeux.

♦♦♦

Goffaux lui avait dit de marcher, il marchait… lentement, lourdement, s’essayant à réduire ses pensées, comme un avare qui lève le moins possible la mèche de sa lampe. Goffaux lui avait dit : Pas de soucis, pas de préoccupations obsédantes. S’il obéis sait à Goffaux il retrouverait peu à peu sa vigueur,