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Les Exploits d’Iberville

— Je n’ai rien à sacrifier, dit-elle avec fierté. Si vous avez quelque chose à m’ordonner, madame, dites-le, et ne pensez pas qu’il y ait aucun mérite de ma part à vous obéir.

— Vous voulez dire… et vous dites, ma chère, que vous n’avez jamais partagé les sentiments de mon fils pour vous ?

— Je ne les ai jamais connus.

— Vous ne les avez pas devinés ?

— Non, madame, et je n’y crois pas. Qui a pu vous faire penser le contraire ? Ce n’est pas lui assurément !

— Eh bien ! pardonnez-moi, c’est lui. Vous voyez quelle confiance j’ai en vous ! Je vous dis la vérité, je me livre sans réserve à votre grandeur d’âme. Mon fils vous aime et croit pouvoir être aimé de vous !

M. Lewis s’est étrangement trompé ! répondit Yvonne, blessée d’un aveu qui, présenté ainsi, était presque une offense.

— Ah ! vous dites la vérité, je le vois ! s’écria madame Glen, conservant encore un doute dans son esprit et voulant s’emparer de la jeune fille en flattant son amour-propre. Merci, ma chère enfant ; vous me rendez à la vie. Vous êtes franche, vous êtes trop noble pour me punir de mes soupçons en jouant avec mon repos. Eh-bien ! permettez-moi de dire à Lewis qu’il avait fait un rêve et que ce mariage est impossible, non par ma volonté, mais par la vôtre.