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Préface

— Je ne vous le cache pas, fit le haut personnage, cette idée renferme quelque chose qui me ravit. Si vous vous faisiez illusion cependant ? Nous avons déjà, sur l’Histoire du Canada, une masse de bons livres essentiellement indigènes. Quel est le nombre de leurs lecteurs ? — Une poignée, quelques érudits.

— Précisément parce qu’ils ne sont faits que pour les érudits. Je salue sans doute l’apparition de ces livres avec joie, avec orgueil même, parce que la gloire en rejaillit sur le nom canadien. Mais je désirerais que l’on fit la part plus large à la masse du peuple. Je trouve trop rare l’apparition d’un François de Bienville, d’un Intendant Bigot, des nouvelles de Legendre, d’une Chien d’Or même, pourvu, toutefois, que l’auteur ne vienne plus faire jouer si triste rôle à une Caroline de St. Castin.

Dans cet humble ouvrage, continuai-je en désignant du geste mon manuscrit, je me suis placé au point de vue du lecteur frivole, qui est le plus grand nombre. En lui racontant les amours de mes héros, je lui fais lire Garneau, Ferland, — et que sais-je — car ce livre n’est peut-être qu’une compilation. — Je lui évite, à ce lecteur inconstant, jusqu’à la fatigue de digérer les notes nombreuses dont j’aurais pu émailler mon livre, tant j’ai peur qu’il ne