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Les Exploits d’Iberville

— Vous m’étonnez beaucoup, reprit Yvonne. Votre mère ne m’a-t-elle pas dit que vous aviez donné votre parole de voir mademoiselle Campbell ?

— Aussi la verrai-je ce soir ; c’est une rencontre arrangée de manière à ce que le hasard paraisse l’amener, et qui m’engage en aucune façon.

— C’est là un faux-fuyant que je n’admets pas dans une conscience comme celle de Lewis Glen ! Vous avez donné votre parole de faire tout en votre pouvoir pour reconnaître le mérite de cette jeune personne et pour lui faire apprécier le vôtre.

— Ah ! je ne demande pas mieux que de faire tout mon possible pour cela ! répondit Lewis avec un triste sourire et en attachant son clair regard sur Yvonne.

— Vous vous êtes donc moqué de votre mère ? reprit celle-ci ; voilà ce dont je ne vous aurais cru jamais capable.

— Non, non, je ne le suis pas, répondit le jeune homme en reprenant son sérieux. N’allez pas me prendre pour un blasé, un être incapable de fougue et de bons sentiments. L’amour fermente en moi comme la sève dans ce grand arbre ; oui, l’amour, c’est-à-dire la foi, la force, le sentiment de mon être immortel dont je dois rendre compte à Dieu et non aux préjugés humains ! Je veux être heureux, moi, et je ne veux être époux qu’à la condition d’aimer avec toutes les forces de mon âme !…