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Les Exploits d’Iberville

Le père et la fille se retrouvaient tous les dimanches. C’était un jour de joie sans mélange, d’heureux instants de causerie, de doux projets d’espoir en une délivrance prochaine.

Il arriva quelques mois après un événement qui fit apprécier d’avantage les bonnes qualités d’Yvonne. Le capitaine Glen, usé par la vie des camps et la maladie, s’éteignit tout doucement entouré des soins de sa famille. Yvonne, fut l’ange de consolation de toutes ces personnes désolées et ne leur devint que plus chère.

Cependant, la jeune fille, en dépit de tous les bons procédés de son entourage, conservait une attitude triste, quoique résignée. C’est qu’Yvonne pensait aux absents et se désolait de ne pouvoir leur donner signe d’existence.

Lewis Glen fréquentait la maison plus que par le passé. Ce jeune homme, taciturne par tempérament, ayant un peu de la morgue britannique, qui avait d’abord montré dans tous ses rapports avec Yvonne des airs de protection et une politesse un peu forcée, changea de manières petit à petit, et devint bientôt prévenant, empressé même, ce qui alarma la jeune fille.

Madame Glen, qui rêvait pour son fils une riche alliance s’en inquiéta également. Les rapports dans la famille devinrent alors plus tendus et cette franche cordialité des premiers jours disparut.