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Les Exploits d’Iberville

Je résolus de la sauver, avec son père, cette jeune fille, et comme j’avais remarqué l’admiration du chef sauvage pour une de mes armes, je la lui offris en échange de ses prisonniers, ajoutant qu’à son refus, je rompais les négociations.

Avec une facilité qui m’étonna d’abord, il consentit à toutes mes propositions ; mais une tentative qu’il a faite pendant notre voyage de retour pour reprendre sa proie, m’a convaincu ensuite qu’il n’avait agi qu’avec une arrière-pensée.

Quoiqu’il en soit, j’ai réussi à amener ces pauvres gens à Boston, et c’est cette jeune fille, en effet, que je vous propose comme institutrice d’Ellen.

— Mais quelle garantie d’honnêteté peut-elle me fournir ? Je ne puis prendre ainsi une inconnue qui…

— Oh ! mère, je t’en prie ! ne refuse pas de donner asile à cette infortunée ! dit Ellen en prenant la vieille femme par le cou pour l’embrasser.

— Du reste, ma mère, reprit Lewis, je ne vous demande pas de la prendre sans vous édifier sur ses mérites. Consentez à la recevoir, questionnez-là, faites lui subir le plus sévère examen. Franchement, je crois qu’il lui suffira de se montrer pour faire votre conquête.

— Dans tous les cas, je constate qu’elle a fait la tienne.

— Ma mère, vous qui m’avez appris la bonté, me